PARIS-MATCH – Parmi ses camarades de la 3e section de mitrailleuses du 98e RI de Roanne, Jean-Julien-Marius Chapelant, 23 ans, est un brave soldat, engagé en juin 1909 puis réengagé en décembre 1911. Il est la victime d’un crime de commandement. Grièvement blessé le 7 octobre 1914, il se bat au milieu de ses camarades fauchés par les balles allemandes. Capturé après sept jours de combats, il parvient à s’échapper et rentre sur une jambe. Un héros ordinaire. Pas pour son lieutenant-colonel, ivre de gloire et d’alcool, qui le fait condamner à mort « pour capitulation en rase campagne ». Sentence inique. Le jugement est antidaté par rapport à l’interrogatoire. Condamné sans être entendu, il est fusillé, ficelé à un brancard dressé contre le tronc d’un arbre. Pour l’exemple, comme des centaines de poilus que la victoire fera oublier. Son bourreau, relevé du front par Joffre qui le soupçonne d’avoir sacrifié 1.400 soldats dans les Ardennes, sera pourtant nommé général…
Article paru dans Paris-Match du 13 au 19 novembre 2014.